Abdessalam Al UJAYLI*
Badr-Eddine Arodaky
L’œuvre d’Abdessalam Al Ujayli part
du vécu, du concret et de l’histoire de son pays, la Syrie où il fut
député et ministre. Il exprime et formule ainsi à travers ses livres la
problématique de toute une génération et, même, de toute une culture.
Poète, son recueil de poésie, Les nuits et les étoiles, sans
parler des inédits, en est le témoin ; essayiste, il a publié jusqu’aujourd’hui
dix recueils d’essais ; conteur aussi dans ses récits de voyage ;
humoriste et même satirique dans son classique Les Maqamât. Mais c’est
par la narration sous les deux formes – nouvelle et roman – que son œuvre compte
le plus ; poète, essayiste ou humoriste, il n’a jamais cessé d’être
narrateur, et c’est ce qui fait son originalité d’écrivain et même sa
particularité.
Ujayli a publié sa première nouvelle dans la plus grande revue
littéraire arabe de son époque, Al-Rissala d’Ahmad Hassan Al-Zayyat, en
1936. Depuis, les écrits de Ujayli se sont succédé d’abord dans les revues littéraires
arabes, Al-Adab, Al-Adib, Al-Hilal, Al-Maarifa,
etc., ensuite dans des recueils tels que La fille de la sorcière, La
montre de l’adjudant, Les lanternes de Séville, Amour et Psyché, Le
traitre, Les chevaux et les femmes, Le chevalier d’Al-Kantara,
Histoire de fous, L’amour triste, La mort de la bien-aimée,
et des romans : Bassima dans les larmes ou Souriante dans les
larmes (car la traduction ne peut exprimer ce double sens du prénom et de
sa signification), Le quai de la Vierge Noire, Damas téléférique,
Les fleurs d’octobre ensanglantées, Les noyés, etc.
Se situant à la période de l’essor de la production narrative, c’est-à-dire
au début des années cinquante, l’œuvre de
Ujayli a cherché les éléments de la créativité ailleurs que dans la narration
occidentale ; car il s’agissait effectivement non pas de traduire ou d’arabiser
mais d’introduire un genre occidental dans la littérature arabe, dans lequel on
ne pouvait dissimuler les traces d’aucun de ses maîtres. C’est justement l’avantage
d’une lignée d’écrivains syriens, Ujayli entre autres, d’avoir pu tracer,
chacun à sa manière, les lignes d’une narration, spécifique et distincte de
celle des autres pays arabes, il est
vrai, mais qui aspire à s’imposer dans la culture arabe comme la seule
possible.
Dans cette optique, l’univers narratif de Ujayli créé par ses
recueils de nouvelles et de ses romans, présente les éléments de l’une de ces
possibilités recherchées par la narration syrienne et dont le lecteur français
pourrait enfin trouver les traces dans les œuvres traduites.
Abdessalam
al Ujaili en français :Damas téléférique, éditions Publisud, 1984 ;
Les lanternes de Séville, éditions Jean-Claude Lattès, 1988.
* Cet
article a été publié par le Magazine littéraire, N° 251, mars 1988, dans
le cadre d’une rubrique intitulée 12 grands auteurs, (Adonis, Rachid
Boudjedra, Driss Chraibi, Mahmoud Darouich, Mohammed Dib, Emile Habibi, Youssef
Idriss, Rachid Mimouni, Tayeb Saleh, Ghada Samman, Badr Chaker Al-Sayyab,
Abdessalam Al Ujaili.
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