mardi 25 juin 2013


Abdessalam Al UJAYLI*


Badr-Eddine Arodaky



L’œuvre d’Abdessalam Al Ujayli part  du vécu, du concret et de l’histoire de son pays, la Syrie où il fut député et ministre. Il exprime et formule ainsi à travers ses livres la problématique de toute une génération et, même, de toute une culture.

Poète, son recueil de poésie, Les nuits et les étoiles, sans parler des inédits, en est le témoin ; essayiste, il a publié jusqu’aujourd’hui dix recueils d’essais ; conteur aussi dans ses récits de voyage ; humoriste et même satirique dans son classique Les Maqamât. Mais c’est par la narration sous les deux formes – nouvelle et roman – que son œuvre compte le plus ; poète, essayiste ou humoriste, il n’a jamais cessé d’être narrateur, et c’est ce qui fait son originalité d’écrivain et même sa particularité.

Ujayli a publié sa première nouvelle dans la plus grande revue littéraire arabe de son époque, Al-Rissala d’Ahmad Hassan Al-Zayyat, en 1936. Depuis, les écrits de Ujayli se sont succédé d’abord dans les revues littéraires arabes, Al-Adab, Al-Adib, Al-Hilal, Al-Maarifa, etc., ensuite dans des recueils tels que La fille de la sorcière, La montre de l’adjudant, Les lanternes de Séville, Amour et Psyché, Le traitre, Les chevaux et les femmes, Le chevalier d’Al-Kantara, Histoire de fous, L’amour triste, La mort de la bien-aimée, et des romans : Bassima dans les larmes ou Souriante dans les larmes (car la traduction ne peut exprimer ce double sens du prénom et de sa signification), Le quai de la Vierge Noire, Damas téléférique, Les fleurs d’octobre ensanglantées, Les noyés, etc.

Se situant à la période de l’essor de la production narrative, c’est-à-dire au début  des années cinquante, l’œuvre de Ujayli a cherché les éléments de la créativité ailleurs que dans la narration occidentale ; car il s’agissait effectivement non pas de traduire ou d’arabiser mais d’introduire un genre occidental dans la littérature arabe, dans lequel on ne pouvait dissimuler les traces d’aucun de ses maîtres. C’est justement l’avantage d’une lignée d’écrivains syriens, Ujayli entre autres, d’avoir pu tracer, chacun à sa manière, les lignes d’une narration, spécifique et distincte de celle  des autres pays arabes, il est vrai, mais qui aspire à s’imposer dans la culture arabe comme la seule possible.

Dans cette optique, l’univers narratif de Ujayli créé par ses recueils de nouvelles et de ses romans, présente les éléments de l’une de ces possibilités recherchées par la narration syrienne et dont le lecteur français pourrait enfin trouver les traces dans les œuvres traduites.

 

Abdessalam al Ujaili en français :Damas téléférique, éditions Publisud, 1984 ; Les lanternes de Séville, éditions Jean-Claude Lattès, 1988.

* Cet article a été publié par le Magazine littéraire, N° 251, mars 1988, dans le cadre d’une rubrique intitulée 12 grands auteurs, (Adonis, Rachid Boudjedra, Driss Chraibi, Mahmoud Darouich, Mohammed Dib, Emile Habibi, Youssef Idriss, Rachid Mimouni, Tayeb Saleh, Ghada Samman, Badr Chaker Al-Sayyab, Abdessalam Al Ujaili.

 

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